Introduction
Au cours des dix dernières années, le Sénégal a réalisé des progrès remarquables en ce qui concerne la réduction de la mortalité infantile et juvénile, mais des efforts restent nécessaires pour poursuivre les réductions observées dans le domaine des retards de croissance et accélérer la réduction du taux de mortalité maternelle et néonatale.
Une analyse des goulots d’étranglement du système de santé réalisée en 2017 a montré que la qualité clinique, l’accès financier et l’acceptabilité culturelle sont les trois principaux obstacles à une couverture efficace du paquet Santé reproductive, maternelle, nouveau-né, infantile, et adolescent plus nutrition (SRMNIA+N).
Le taux d’insuffisance pondérale à la naissance du pays reste élevé (18 % des nouveau-nés) et pas moins de quatre enfants sur cinq, âgés de moins de cinq ans, souffrent d’anémie. Le taux de fécondité, qui s’établit à 5,0, demeure élevé, et 16 % des adolescentes de moins de 20 ans ont déjà donné naissance à au moins un enfant. Les disparités géographiques et socioéconomiques enregistrées au niveau de la couverture des services sanitaires et des résultats de santé sont répandues.
Les grossesses et les mariages précoces sont des préoccupations majeures : 9,5% des filles sont mariées avant l’âge de 15 ans et 32% avant l’âge de 18 ans (Enquête démographique et de santé, 2017), les adolescentes vivant dans des zones rurales peu instruites et pauvres étant les plus vulnérables. La couverture des services de santé pour les adolescents reste faible : en effet, les services de santé ne ciblent pas spécifiquement ce groupe d’âge et moins de 2% des adolescents ont accès à des méthodes de contraception modernes. Investir dans les adolescents est au cœur du potentiel du dividende démographique. La malnutrition est également un facteur de risque majeur de mortalité maternelle.
Pour plus de résultats, des performances et la réalisation de la CSU au Sénégal, les interventions du système de santé doivent s’appuyer sur l’information et la redevabilité. Cette dernière renvoie à un mécanisme de diffusion et de communication sur les données et les performances des services de manière efficace et régulière ; ce mécanisme est ici nommé : Plateforme Redevabilité Jeunesse. Il s’agit d’un processus inclusif, incluant la société civile, les bénéficiaires, le personnel de santé et l’Equipe de gestion du « Projet Nafooré ».
Cette Plateforme Redevabilité Jeunesse présente les données du système de santé saisies en temps réel sous un format comprenant un code couleur qui le rend accessible à ceux qui en ont besoin pour améliorer les investissements et résultats du système de santé.
Nous restons ouvert au partage d’outils d’autres organisations sur la plateforme.
Fonctionnement
L’Alliance Nationale des Jeunes pour la Santé de la Reproduction et la Planification Familiale a commencé à mettre en place la Plateforme Redevabilité Jeunesse fin 2019 dans la cadre du Projet Nafooré dans les régions de Kolda et Sedhiou au niveau district. Face aux résultats enregistrés notamment :
- Un suivi des services de santé sexuelle et reproductive chez les adolescent.e.s et jeunes ;
- Les évaluations communautaires des services avec des retours d’information des usagers des services à l’endroit des prestataires qui a contribué à l’amélioration de l’offre
- Une amélioration de la fréquentation des services chez les adolescents.e. s et jeunes ; L’ANJ-SR/PF a reçu un financement du GFF-CSO-HUB afin de mettre à l’échelle ce mécanisme de redevabilité sociale passant ainsi de 2 districts à 4 districts (Kolda, Thietty, Sédhiou et Diattakounda.
Chaque semestre, la Plateforme Redevabilité Jeunesse est un point permanent de l’ordre du jour des réunions d’examen des performances des données du district.
Les acteurs communautaires participent aux réunions du district avec les responsables CDS et responsables des établissements participent aux réunions trimestrielles du district, et bien qu’ils n’aient pas accès à la Plateforme Redevabilité Jeunesse en ligne, ils aident à analyser les cartes de score de leurs établissements lors des réunions et donnent leur accord concernant les actions de suivi (sensibilisation, mobilisation sociale, plaidoyer…).
L’équipe de gestion sanitaire de la Plateforme Redevabilité Jeunesse organise également des réunions d’examen des performances régulières en présence des partenaires afin de faire le point sur les cartes de score et élaborer des solutions qui sont ensuite enregistrées et partagées. L’équipe projet avec l’équipe district vont ensuite procéder à la planification conjointe d’actions donnant suite aux résultats de la Plateforme Redevabilité Jeunesse ainsi que pour surveiller la mise en œuvre des tâches de l’outil.
L’ANJSRPF est la première organisation à mettre en place ce mécanisme de redevabilité au niveau communautaire avant de procéder à sa digitalisation. Le système sera accompagné d’un mécanisme de rappel par e-mail jusqu’à sur les points de vigilance SRMNIA-N spécifique à chaque district dont les résultats ne sont pas satisfaisants jusqu’à ce que des progrès soient constatés (réduction de la quantité de rouge). Toute personne ayant accès au système peut en surveiller l’évolution, ce qui favorise la transparence et la redevabilité.
Objectif de la Plateforme Redevabilité Jeunesse
L’objectif principal d’une Plateforme Redevabilité Jeunesse est d’utiliser les données pour développer des actions. Après avoir identifié un problème, il importe de comprendre la cause profonde du goulot d’étranglement… et de créer des actions « SMART » qui résolvent directement cette cause profonde.
